Après un Battlefield 4 à la sortie chahutée, un Battlefield Hardline original mais manquant d’envergure (et développé par Visceral Games) et un Battlefront qui a divisé les fans malgré sa skin Star Wars plus que réussie, Dice se devait de signer un nouvel opus réussi à sa licence maison.
Avec Battlefield One, les suédois faisaient un pari risqué en choisissant d’adapter la première guerre mondiale. Un pari très sexy sur le papier mais dans les faits, Battlefield One réussit-il à nous faire revivre la Grande Guerre comme cet événement majeur de l’histoire du 20ème siècle le mérite ?
Une campagne solo brillante et didactique
La campagne solo n’a jamais été le point fort de la licence Battlefield, se limitant longtemps à simplement singer les misions ultra-scriptées qui marchaient bien chez la concurrence. Avec Battlefield One, Dice fait table rase du passé et de la meilleure manière qui soit.
Au lieu de suivre un personnage dans ses pérégrinations guerrières qui sombrent vite dans le ridicule, on découvre ici 6 épisodes de « War Stories ». Ces séquences sont courtes (plus ou moins une heure chacune) et mettent toujours à l’honneur un nouveau personnage. Depuis le pilote de Tank novice jusqu’au sniper vétéran en passant par le pilote arrogant, on varie les plaisirs aussi bien sur le scénario que sur le gameplay. Dice a même osé choisir de nous faire incarner une femme, un choix toujours dangereux quand on connait la communauté du FPS.
Ces histoires abordent la guerre sous un aspect différent de ce que l’on a l’habitude de découvrir dans le jeu-vidéo. Peu de héros ici (ou alors par accident) mais beaucoup de combattants apeurés, stressés, couards et qui veulent juste survivre dans des circonstances exceptionnelles.
Historiquement parlant, chaque séquence est emballée avec un petit speech historique replaçant la bataille à venir dans son contexte. C’est très simple et très basique mais cela ne manquera pas d’éveiller notre curiosité. Voilà le premier jeu depuis Assassin’s Creed qui m’ait donné envie d’en savoir plus sur le contexte historique des événements présentés.
Le plaisir d’embrocher son prochain à la baïonnette
Plutôt que nous emmener faire un tour en montagne russe avec un solo scripté et intense, Dice choisit également de proposer un gameplay franchement différent de sa composante multijoueur. Bien sûr, le solo sert toujours de gigantesque tutoriel mais propose assez peu de séquences linéaires où seul un chemin nous permet d’avancer à la puissance de notre fusil. On ne compte plus les séquences où le choix de l’approche nous est totalement laissé : grimper sur une tour pour sniper avant de finir le travail à la mitrailleuse, s’infiltrer de maison en maison en évitant l’affrontement direct ou foncer dans le tas et tout défourailler, ce sera notre choix et les trois approches se valent.
Étonnement, on passe finalement pas mal de temps en véhicule (tank et avion surtout) mais même ces séquences souvent assez basiques apportent leur petite pièce à l’édifice de la liberté que Dice a voulu intégrer dans sa campagne solo. Un petit bijou pour quiconque apprécie ce mélange d’histoire et de liberté d’approche.
Ce solo n’est pourtant pas parfait car il s’avère assez court (5-6 heures de jeu), extrêmement facile et fait (comme le multijoueur d’ailleurs) de grosses concessions à la réalité historique des combats.
Oui, on peut charger avec sa baïonnette, lancer (ou subir) une attaque au gaz et de manière générale le corps à corps se montre d’une violence sans nom. Mais, d’un autre côté, les mitrailleuses pullulent et le combat de mouvement auquel on s’adonne très vite ne s’avère pas très réaliste quand on connait la précision (toute relative) des armes de l’époque. Le tout donne une impression d’un affrontement plus proche de la seconde guerre mondiale que de la première. Le pompon de l’anachronisme revient à l’absence dans le jeu de base des soldats français et russes qui ne feront leur apparition que dans les DLC’s (d’ailleurs Aelya s’est étranglée en l’apprenant).
Un multijoueur au sommet du combat de masse
Le multijoueur de Battlefield est une valeur sûre et celui proposé dans Battlefield One s’affiche comme une vraie réussite. On retrouve toujours les modes de jeux classiques avec leurs qualités et leurs défauts de toujours.
On a donc toujours le choix entre les affrontements de masse du mode Conquête ou les combats plus tactiques du mode Rush ou des simples team deathmatch. Dice propose également une variante « historique » d’un Capture the Flag avec son mode « Pigeon de guerre » où il faut capturer un pigeon et le protéger le temps de rédiger un message. Il s‘agira ensuite de le laisser s’envoler sans que l’adversaire ne le tue en vol. Original mais un peu humoristique aussi. Dice semble particulièrement apprécier les pigeons puisque dans le solo, on peut carrément incarner un pigeon. Un grand moment de ma vie de joueur.
Mais le mode de jeu multijoueur qui donne à Battlefield One ses lettres de noblesse est le mode Opérations.
Il s’agit pour un camp d’attaquer et de capturer des points précis pour réinitialiser son nombre de vie et progresser sur une grande carte. Les défenseurs doivent bien sûr empêcher cette progression. Après 3 échecs d’une attaque, on inverse les rôles. Ce mode de jeu est très dynamique et met l’accent sur la collaboration entre équipiers plus que sur le « skill » pur. Si une équipe est en difficulté, elle peut aussi compter sur sa super-arme maison : un gigantesque zeppelin, un train armé, un cuirassé, etc. Des armes impressionnantes qui déchaînent une pluie de plomb et qui « meurent » de manière hyper spectaculaire.
Se prendre un zeppelin en feu sur le coin de la figure, ce n’est pas quelque chose qu’on fait tous les jours.
Les classes de soldats évoluent légèrement surtout pour s’adapter au contexte historique. Mais le plus important, c’est que le feeling du multijoueur se montre très intense, un peu trop sans doute pour la première guerre mondiale. La faute à des armes moins précises qui obligent les adversaires à se rapprocher plus que de coutume tout en proposant un peu trop d’armes automatiques pour l’époque.
Notons aussi une évolution subtile de l’utilisation des véhicules puisqu’en choisissant de spawner dans un véhicule, vous êtes maintenant obligé de l’utiliser efficacement au combat. Une fois en feu ou abattu, votre héros peut se muer en fantassin mais il est presque à poil sur le champ de bataille. Une belle manière de décourager les joueurs à utiliser les véhicules comme taxi pour se rendre sur la ligne de front. Les véhicules sont aussi moins nombreux qu’auparavant mais plus puissants. Ainsi, un blindé ou un avion piloté avec talent pourra faire la différence et percer une ligne ennemie.
Les cartes sont pour la plupart très réussies et équilibrées tout en offrant une excellente immersion dans les combats de l’époque. Seul regret : la présence finalement assez discrète des « fameuses » tranchées ou d’assauts dignes de la boucherie que fut la Grande Guerre. On peut aussi regretter que les attaques au gaz, fléaux de cette époque, ne soient traitées que de manière assez anecdotique.
Enfin, visuellement, Battlefield One profite à fond du Frostbite 3 avec une météo dantesque et des destructions quasiment illimitées. Dommage que le jeu présente toujours un bon nombre de bugs physiques et de glitches visuels qui, sans gâcher l’expérience globale, font toujours un peu tâche dans une production de cette qualité.
Conclusion
Battlefield One est un excellent épisode de la licence Battlefield, même le meilleur peut-être. La campagne solo se montre différente, inspirée et franchement didactique tandis que le multijoueur est toujours aussi intense et passionnant à pratiquer même après plusieurs dizaines d’heures de jeu. Bien sûr, les esprits chagrins lui reprocheront ses libertés face à la réalité historique mais dans l’ensemble, Battlefield One est un excellent FPS que je conseille à tous.
Ma Note : 9/10