Alors que j’attends avec grande impatience ma version de Mass Effect Andromeda, un jeu de rôle « light » moderne, c’est le moment ou jamais de parler de Torment : Tides of Numenéra qui ambitionne de nous faire vivre les sensations de notre jeunesse avec un jeu de rôle à l’ancienne. Un genre qui a pris de l’âge mais qui offrait une expérience comme peu de jeux de rôles modernes peuvent nous en faire vivre. Voici donc mon test de Torment : Tides of Numenéra…
Au rayon du jeu de rôle (ou JDR ou RPG au choix), je me considère un peu comme le spécialiste maison (même si Aelya me contestera toujours ce titre – tant pis pour toi, tu n’avais qu’à écrire le test, maintenant, je dis ce que je veux^^). Et si les RPG modernes du genre Mass Effect, Dragon Age, Skyrim ou autres Witcher ont pleinement satisfait mes désirs d’aventures « rôlesques », je garde une nostalgie certaine face aux RPG’s d’antan et à leur profondeur sans comparaison possible avec leurs équivalents modernes. Ah, les vieux Fallout, les vieux Elder Scrolls ou mieux encore Baldur’s Gate, que de souvenirs que j’espérais bien retrouver dans Torment : Tides of Numenéra.
Et dans le genre « faire du neuf avec du vieux », les références actuelles sont à chercher chez Pillars of Eternity ou Divinity Original Sin qui avaient réussi à renouer brillamment avec le genre du RPG à l’ancienne. Tides of Numenéra, pensé comme le successeur du très réussi Torment : Planescape sorti en 1999, aura fort à faire pour soutenir la comparaison.
Un scénario inspiré et profond.
Le gros point fort de Tides of Numenéra réside dans son scénario. L’action se déroule un milliard d’années dans le futur (oui, c’est loin dans le futur). Huit civilisations ont eu le temps d’apparaître, d’évoluer avant de s’écrouler et le neuvième cycle civilisationnel est en cours. Chaque civilisation successive profite d’une bonne partie des progrès réalisés par la précédente, on peut donc être certain que le monde de Torment n’a plus grand-chose en commun avec celui de notre temps actuel.
Dans cet univers de science-fiction très futuriste, un être quasiment divin a trouvé la solution à l’immortalité en sautant d’un corps à l’autre en fonction de ses besoins. Seulement, le corps qu’il abandonne se retrouve récupéré par la nature qui en profite pour y caser une autre conscience. Et voilà le rôle que Tides of Numenéra nous confie : celui d’une conscience débarquée dans un corps vacant qui est bien décidée à comprendre pourquoi elle est arrivée là.
Voilà un scénario qui n’est pas évident à appréhender au premier abord et qui change des RPG’s de fantaisie ou de science-fiction « classique ». D’autant plus que le scénario n’est pas le seul à impressionner. L’ambiance de ce jeu est aussi très surprenante.
On passe la majorité de son temps dans des cités au design incroyable débordants d’objets et de PNJ’s tantôt obscurs, tantôt complètement fous. On sent que les développeurs ont investi énormément de temps dans la narration de leur titre tant ce jeu déborde de détails et d’inventions surréalistes, à la limite de ce que l’esprit humain actuel est capable d’imaginer comme plausible dans un futur aussi lointain.
Si vous êtes fans de bonne science-fiction, Tides of Numenéra se déguste littéralement.
Attention quand même au fait que ce jeu est incroyablement verbeux. Il y a finalement assez peu de dialogues doublés par des acteurs mais une quantité presque infinie de textes et de dialogues. Ce jeu s’adresse donc avant tout aux plus littéraires des joueurs et ferait presque parfois penser à un « livre dont vous êtes le héros » en version jeu-vidéo.
Un gameplay audacieux mais une technique à la peine.
Tides of Numenéra n’est pas un jeu pour les plus nerveux, pour la simple raison que les combats sont rares et qu’ils peuvent tous être résolus par le dialogue. En fait, c’est tout à fait possible de terminer le jeu en ne tuant personne, un événement rare dans le jeu-vidéo moderne.
En choisissant intelligemment ses répliques ou en utilisant correctement ses compétences, on peut facilement orienter les dialogues et progresser dans le jeu sans devoir faire appel à la violence physique. Du coup, ce jeu se présente comme une vraie aventure personnelle. Il n’y a pas de mauvaises décisions mais juste des choix qui orienteront la suite du jeu. Chacun peut donc avancer à sa guise sans qu’il y ait véritablement un fil conducteur.
Si vous optez pour une vision plus agressive, vous aurez quand même quelques combats à vous mettre sous la main mais ceux-ci sont très peu innovants et font appel à un tour par tour très classique et peu passionnant. On comprend vite que l’intérêt du jeu est ailleurs.
Techniquement parlant, Tides of Numenéra est un jeu 100% old school, difficile donc de juger son aspect visuel qui est un hommage aux jeux d’antan. Néanmoins, certains éléments choqueront : une interface totalement inappropriée, des ralentissements inexplicables dans sa version console et de sérieux problèmes d’IA viennent quand même un peu gâcher le plaisir.
Mais le plus gros souci du jeu vient de sa structure même. Financé via Kickstarter, il a été reporté à plusieurs reprises et aurait sans doute encore mérité quelques reports supplémentaires pour garder son rythme. Les 15 premières heures de jeu sont passionnantes : on découvre un univers adulte, intelligent et bourré de finesse. Nos camarades (jusque 3) sont malins et ont une existence haute en couleur tandis que les quêtes sont réussies et nous scotchent à notre écran.
Puis, le rythme s’écroule, les environnements perdent de leur intensité, les quêtes sont moins passionnantes, etc. Un peu comme si les contraintes temporelles avaient forcé les développeurs à conclure au plus vite. Dommage car ils tenaient une véritable perle entre les mains.
Conclusion
Torment : Tides of Numenéra est un RPG old school qui passionnera les amateurs de science-fiction intelligente avec ses environnements originaux et ses quêtes profondes. A condition d’apprécier le style très verbeux de ce titre, on plonge avec bonheur dans un univers incomparable et réussi.
Dommage que les développeurs n’aient pas (encore) pu tenir toutes leurs promesses. Ainsi, techniquement, ce jeu est encore un cran en-dessous de ses pairs tandis que la baisse de rythme importante constatée plus ou moins au milieu du jeu nous laisse comme un goût d’inachevé dans la bouche. Il faudra suivre les DLC gratuits promis par les développeurs pour voir s’ils parviendront à compenser ce sentiment finalement un peu mitigé.
Ma Note : 7,5/10
Torment : Tides of Numenéra est disponible sur PS4, Xbox One et PC.