mafia 3,test,avis

Mafia 3 s’était dévoilé à de nombreuses reprises au cours des derniers mois et le feeling était plutôt bon : scénario profond et adulte, monde ouvert soigné. On était en droit d’espérer le meilleur pour ce nouveau monde ouvert de gangster mais la réalité a-t-elle rejoint nos espérances les plus folles. Voici notre test de Mafia 3…

Les deux premiers Mafia traînaient derrière eux une impression mitigée. Il s’agissait clairement de titres sympathiques mais auxquels il manquait ce petit quelque chose pour en faire de grands jeux. Pour Mafia 3, toutes les présentations auxquelles j’ai assisté promettaient monts et merveilles. Une communication dangereuse car il fallait que le jeu final soit à la hauteur des attentes élevées suscitées chez tous les joueurs amateurs d’histoire de gangsters et de mondes ouverts réussis.

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Une ambiance comme on en a rarement vu

Si Mafia 3 réussit bien quelque chose, c’est sa capacité à nous plonger dans l’ambiance d’une ville du Sud des Etats-Unis (New Bordeaux, référence évidente à la Nouvelle Orléans) à la fin des années 60. Sur fond de guerre du Vietnam, de misogynie (que les « Mad Men » ne renieraient pas), de racisme quotidien, ce jeu est une véritable piqûre de rappel sur ce qu’étaient les USA il n’y a pas si longtemps que ça (avec le risque que cela redevienne d’actualité vu le résultat des élections américaines).

Une leçon de société dans un jeu grand public, ce n’est pas si fréquent et cela mérite d’être souligné.

En plus de l’aspect politique particulièrement bien présenté, tout ou presque nous aide à plonger dans les années 60. Les costumes, les voitures d’époque, la bande son absolument magique, l’emballage de ce jeu est proche de la perfection.

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Même constatation pour le scénario qui multiplie les cinématiques de qualité et les personnages très bien écrits. On incarne Lincoln Clay, jeune vétéran de retour du Vietnam, bien décidé à venger l’assassinat par la Mafia Italienne de sa famille d’adoption : la pègre noire. La mise en place de ce scénario est assez lourde et l’introduction prendra plusieurs heures d’un jeu linéaire, scripté et un peu trop passif pour un jeu-vidéo moderne.

Néanmoins, cette introduction fixe le personnage de Lincoln dans nos esprits et on comprend mieux sa soif de vengeance. De manière générale, toutes les cinématiques liées au scénario principal sont des petits bijoux d’écriture qui se suivent avec grand plaisir.

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Le problème, c’est qu’entre quelques missions fantastiquement scénarisées, on doit se taper plusieurs heures de captures « programmées ».

Je m’explique. Mafia 3 nous propose de prendre le contrôle de la ville. C’est donc très naturellement que Lincoln doit mettre à genoux la pègre locale pour gagner en pouvoir. Et pour cela, la recette sera parfaitement identique pour tous les quartiers de la ville. On prend contact avec un informateur qui nous dirige vers les lieux clés où se déroule un trafic rémunérateur. On met un peu le boxon dans le trafic afin d’inviter le boss local à venir faire coucou. Et là, on l’assassine pour prendre sa place. Ensuite, on change le contexte du trafic (prostitution, drogues, etc) et on recommence à n’en plus finir, sans véritable changement de gameplay.

Ces phases ultra-répétitives font penser aux mondes ouverts d’il y a plusieurs années et m’ont rappelé le premier Assassin’s Creed. On alterne donc quelques minutes de flamboyance scénaristique avec plusieurs heures de travail de déblocage.

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Cette répétitivité aurait pu être compensée par un gameplay aux petits oignons ou par un monde ouvert aux multiples activités mais ce n’est malheureusement pas le cas.

Le gameplay n’est pas foncièrement mauvais. En voiture par exemple, on prend un plaisir certain à se promener dans New Bordeaux, à découvrir les différents quartiers et à piloter des bolides que l’on a rarement le plaisir de conduire dans un monde ouvert. Malheureusement, ces promenades motorisées se font souvent sans objectifs précis. Dans le cadre des missions, il est rare de traverser toute la ville et il ne faut pas compter découvrir des activités secondaires variées. Ces dernières se résumant essentiellement à des collections ou des règlements de compte basiques.

A pied, les séquences d’action se montrent intéressantes, surtout par leur violence très graphique. Au corps à corps, on ne comptera pas le nombre de « méchants » dans lesquels nous aurons enfoncé notre couteau de chasse (en des endroits divers et variés). Avec un bon shotgun, la violence des détonations confère un vrai sentiment de puissance en particulier lors des exécutions très variées qui se disputent le prix du « c’est moi la plus violente et pas toi ».

Cette violence exagérée apparaît parfois un peu gratuite et j’avoue que je m’en suis lassé rapidement.

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Pourtant, le plus gros problème de Mafia 3, c’est son gameplay d’infiltration.

On a, en effet, le choix : foncer et tout défourailler d’entrée de jeu ou, au contraire, se la jouer plus discret… enfin pour Lincoln tout est relatif puisque cela consiste à progresser de couverture en couverture en sifflant à tout va pour attirer des ennemis idiots comme une chaussette et les égorger en beauté. La progression en infiltration est d’une simplicité maladive qui nous encourage presque à faire coucou à nos ennemis, histoire d’avoir un peu d’action, de tripes et de sang.

Enfin, visuellement, Mafia 3 est une vraie déception et on comprend mieux pourquoi on ne nous a jamais proposé que des séquences tournant sur PC avant la sortie du jeu. Sur consoles, le résultat n’est pas digne de consoles de dernière génération. L’aliasing est très présent, les éclairages quasiment toujours à côté de la plaque et certaines textures semblent tout simplement avoir été oubliées. Le pompon revenant sans aucun doute à ce rétroviseur présent en permanence en voitures et qui semble afficher des visuels d’une autre époque (genre un bon 10 ans en arrière).

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On sent bien que le challenge technique représenté par ce monde ouvert gigantesque était peut-être un poil trop complexe pour les développeurs. Et comme les activités secondaires présentes se réduisent à trois fois rien, on peut se demander s’il n’aurait pas été plus intelligent de se limiter à un jeu plus linéaire basé sur son excellent scénario. Techniquement, Mafia 3 aurait mieux tenu le choc et l’intensité de l’action aurait transcendé l’expérience.

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Conclusion

Mafia 3 est définitivement un jeu binaire. D’un côté, une ambiance et un scénario exceptionnel mis en valeur par des personnages inoubliables. D’un autre, une technique qui date d’un autre âge, un gameplay souvent répétitif et un monde ouvert désespérément vide. La combinaison de ces deux pans de jeu font de Mafia 3 une expérience où l’on alterne moment de flamboyance et vraie lassitude.

Je dis souvent que l’ambiance et le scénario sont plus importants à mes yeux que la technique et le gameplay. Je le pense toujours mais pour qu’un jeu privilégiant son scénario fonctionne, il faut quand même que la technique et le gameplay suivent un minimum. Dans Mafia 3, le contrat n’est rempli qu’à moitié.

Ceci dit, si vous appréciez les bonnes histoires de gangster ou un traitement adulte de sujets comme le racisme ou le traitement des femmes dans les années 60, cela reste un jeu que je conseille définitivement. Que les autres ne s’attendent pas à un titre du calibre d’un GTA.

Ma Note : 7/10

Mafia 3 est disponible sur PS4, Xbox One et PC.

  

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