Au fond de moi, je suis un PCiste, un joueur qui a longtemps joué exclusivement sur PC et qui ne porte donc pas Apple dans son coeur. Mais je vais laisser de côté tous mes arguments savamment travaillés au fil des ans pour rabattre le caquet des fidèles de la secte de Steve Jobs pour m’attarder sur la personnalité de ce dernier, au coeur du film : Steve Jobs, que j’ai eu l’occasion de visionner récemment. Voici donc ma critique ciné de Steve Jobs…
En bon ancêtre de l’informatique que je suis, les pères fondateurs de l’informatique et du jeu-vidéo m’ont toujours fasciné : Steve Jobs, Bill Gates, Nolan Bushnell, Richard Garriott, Shigeru Miyamoto… Voilà autant de noms qui me font encore rêver aujourd’hui.
Mais de tous, c’est certainement Steve Jobs qui avait le plus l’envergure pour supporter un long métrage.
Il a tout du personnage de cinéma : génie incompris pour certains, vendeurs de tapis pour d’autres, bénéficiant d’un charisme incroyable tout autant que d’un caractère impossible. Difficile d’imaginer un personnage plus fort pour représenter l’âge d’or de l’informatique.
Steve Jobs, le film, partait auprès de moi avec pas mal d’avantages : son réalisateur Danny Boyle m’avait marqué au fer rouge avec Trainspotting, son acteur principal, Michael Fassbender, m’avait scotché dans Prometheus comme dans Inglorious Basterds. Et pour ne rien gâcher, le script ne cachait pas son inspiration de la biographie de Steve Jobs rédigée par le brillant Walter Isaacson, une bio qui se lit comme un roman et qui dépeint une image honnête du personnage, ni à sa gloire, ni à sa décharge. Si l’histoire de l’informatique vous intéresse, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur cet ouvrage que j’ai littéralement dévoré.
Bref, on pouvait s’attendre à ce que Steve Jobs, le film, soit une oeuvre sans partis pris avec un seul objectif : nous faire découvrir Steve Jobs tel qu’il l’était vraiment.
Et si l’adaptation de toute sa vie aurait sans doute mérité 3 films de plus, j’ai trouvé que Danny Boyle s’en est particulièrement bien sorti en signant un film mélangeant adroitement la vie privée et la vie publique de Jobs.
L’idée de base du script est de nous faire vivre les coulisses de trois grandes présentations de produits made by Jobs à des moments très différents de sa vie : le lancement du Mac en 1984, le lancement du Next en 1988 et le lancement de l’iMac en 1998. Une manière de nous faire découvrir l’évolution de ce personnage au caractère à la fois bien trempé et particulièrement insupportable.
Danny Boyle s’amuse donc à montrer Jobs maltraiter ses employés mais aussi sa fille (qu’il n’a reconnu que bien tard) mais n’hésite pas à montrer le personnage sous toute sa complexité : à la fois génie auto-déclaré, jeune millionnaire intrépide mais aussi père irresponsable. C’est d’ailleurs la grande force du film : découvrir toutes les facettes de ce personnage qu’on se plait à détester ou à admirer alors qu’il n’est finalement qu’un homme torturé par son désir de perfection.
L’interprétation presque parfaite de Michael Fassbender et de sa fidèle assistante incarnée par la talentueuse Kate Winslet n’est pas étrangère à l’état presque hypnotique que l’on ressent lors du visionnage de ce film.
Bien entendu, les spectateurs les moins passionnés par l’histoire de l’informatique seront sans doute un peu vite lâchés et resteront peut-être sur leur faim. On peut aussi regretter l’absence de la période post 1998 qui constitue véritablement la consécration de Jobs en tant que visionnaire de génie avec l’iPod ou l’iPhone.
Mais si vous ne devez voir qu’un seul film sur l’histoire de l’informatique, le voilà, le seul, l’unique, le meilleur d’entre tous !