controverse,jeu vidéo,télévision,télé,grand journal,analyse,dossier

Après l’affaire du traitement de Twitch par le Grand Journal de Canal + qui a fait grand bruit, c’était l’occasion ou jamais de se poser la question du traitement du jeu vidéo par la télévision. Alors, pourquoi deux médias qui auraient tout à gagner à collaborer finissent toujours par se manger le nez ?

Ce vendredi 29 Août, le Grand journal traite du rachat de Twitch par Amazon et en profite pour descendre la plate-forme de streaming de jeux-vidéo. Alors, oui, la chroniqueuse Mathilde Serrell a plutôt mal préparé son dossier en lui donnant une orientation très négative mais ce qui a choqué le plus, c’est sans doute la réaction d’Antoine De Caunes très condescendante alors qu’il a plutôt tendance à se montrer assez ouvert sur le sujet. Bref, un reportage comme la télévision nous en sert à longueur d’année, toutes chaines confondues et qui ne mérite certainement pas le buzz engendré.

Plutôt que de s’attarder sur cet énième dérapage de la télévision au sujet de notre loisir favori, je préfère me poser 5 minutes et regarder de plus près pourquoi la télévision et le jeu vidéo s’opposent quasi systématiquement depuis 30 ans. Loin de moi l’idée d’apporter des réponses universelles mais voici peut-être quelques pistes de réflexion.

Le jeu vidéo, un sujet inexploitable par la télévision ?

Avant de se poser la question de la raison du traitement globalement négatif du jeu vidéo à la télévision, on peut se demander pourquoi le jeu-vidéo est tout simplement aussi peu présent sur nos écrans télés. Contrairement au cinéma, qui a vite trouvé sa place sur les grandes chaînes télévisées, le jeu vidéo est une activité interactive. Un élément que la télévision a toujours eu beaucoup de mal à mettre en scène.

Les plus vieux se souviendront peut-être de Hugo Délire, une émission des années 80 qui proposait à un téléspectateur de jouer à un jeu vidéo au moyen de son téléphone en direct à la télé. L’expérience a quand même duré deux ans et on peut regretter qu’elle n’ait jamais été vraiment relancée avec des moyens modernes car je me souviens que l’enfant que j’étais à l’époque était complètement fasciné par son concept.

 Rapidement, le jeu-vidéo n’a trouvé sa place à la télévision qu’au travers d’émissions s’inspirant de la presse papier ou web. Agenda des sorties, tests, impressions, soluces ont vite envahis les sommaires des trop rares émissions consacrées au jeu-vidéo en abandonnant le cœur de ce qu’est le jeu-vidéo pour finalement se limiter à son aspect purement commercial.

Il faut alors distinguer l’approche des grandes chaînes généralistes de celle des chaînes de niche. Chez les premières, l’audience est variée (et la ménagère de moins de 50 ans est rarement une gameuse), il faut donc aller vite, employer des mots simples et rester dans la mouvance qui est encore bien souvent une réalité pour le grand public : les jeux-vidéo sont pour les enfants.

Ces émissions ne sont pas pour autant inintéressantes mais bien souvent trop courtes et trop générales pour dépasser le stade de l’agenda des sorties et au final on se rapproche bien souvent de publicités à moitié déguisées où il ne faut surtout pas dire trop de mal ou de bien d’un jeu, juste annoncer sa sortie pour en booster les ventes.

 Les gamers qui en veulent un peu plus se tournent donc vers les émissions de niche, celles sur lesquelles tata Paulette ne tombera jamais même en zappant frénétiquement. Game One (pour citer la chaîne la plus connue) a plutôt bien réussi dans son genre même si elle a eu, elle aussi, ses années noires. Mais je sors un peu de mon sujet puisque Game One est une chaîne de joueurs pour les joueurs. Son traitement du jeu vidéo n’est pas non plus neutre puisqu’elle s’adresse à un public conquis.

On peut donc quand même s’étonner qu’un media audio-visuel comme le jeu vidéo qui dispose d’un chiffre d’affaire supérieur au cinéma ne parvienne pas à attirer plus l’intérêt des grandes chaînes de télévision. Comme la première génération des joueurs commence à vieillir (et j’en fais partie), peut-être que les décideurs de la télévision vont commencer à découvrir que ce public a de l’argent à dépenser mais pour l’instant, on peut en douter.

Le jeu-vidéo, source universel du mal ?

En dehors de l’approche purement consumériste, rares sont les reportages consacrés aux jeux vidéo qui se montrent positifs. Entre « Mon ado est accro aux jeux vidéo, il ne sort plus, que dois-je faire », les reportages condescendants sur les conventions de gamers et les accusations gratuites accompagnant tout meurtre de masse qui ne peut qu’être influencé par la pratique du jeu-vidéo, on ne peut certainement pas dire que la télévision généraliste traite des jeux-vidéo avec toute la neutralité du vrai journalisme.

On peut se douter que les « journalistes » à qui l’on confie ces sujets ne sont sans doute pas les plus brillants ou qu’ils n’ont tout simplement aucune connaissance de leur sujet mais est-ce réellement une excuse ? Avec le temps, le jeu vidéo est devenu un sujet polémique, donc un sujet qui génère du buzz à condition d’en dire du mal. Et au vu des réactions des joueurs indignés après chaque reportage, cela fonctionne à fond. Pourquoi donc s’arrêter ?

 Finalement, la condescendance à peine voilée de la télévision envers sa cousine vidéo ludique n’est-elle pas plutôt liée au fait qu’elles partagent toutes deux un moyen de diffusion commun : votre télévision. Et si vous êtes occupés à jouer, forcément, vous n’êtes pas en train de regarder TF1 ou n’importe quelle autre chaîne généraliste, mais surtout vous ne regardez pas les nombreuses publicités que l’on essaye de vous vendre (même si en la matière, on sait que le jeu vidéo n’est pas forcément un exemple). En fait, la télévision réagit un peu comme la radio l’avait fait en son temps lors de son arrivée : elle décrie ce nouveau venu qui la menace.

Bref, comme les grandes chaînes n’ont pas réussi à faire du jeu vidéo leur alliée, elles ont tendance à considérer le jeu vidéo comme leur ennemi. Inutile donc de lui faire trop de publicité (via des émissions de qualité) ou de la traiter de manière  trop positive. Cela pourrait donner des idées à des téléspectateurs.

D’ailleurs, on remarquera qu’en dehors des jeux « casuals » (Mario, Wii Sports…), on ne voit quasiment plus de publicités pour des jeux vidéo sur ces chaînes alors qu’à une certaine époque, elles fleurissaient (je repense avec nostalgie au fameux « Sega, c’est plus fort que toi » par exemple).

 Heureusement, les temps changent et maintenant que Twitch a démontré que les compétitions de jeu vidéo sont capables d’attirer des foules de joueurs devant un écran, on peut s’attendre à voir un peu plus de jeu vidéo à la télé. Qui sait, un jour une finale de Starcraft aura peut-être plus d’audience qu’un match de foot. Les coréens y sont arrivés, alors pourquoi pas nous ? Je parie que ce jour-là, on verra beaucoup moins de reportages condescendants ou négatifs sur le jeu-vidéo dans notre petite télévision. En attendant, Game One et quelques autres ont encore un bel avenir devant elles.

 Enfin, la télé devient de plus en plus interactive, avec les téléviseurs connectés ou encore les smartphones/tablettes qui se connectent à nos télévisions, ce qui ouvre de nouvelles possibilités et peut-être un terrain d’entente entre jeu vidéo et télévision (on pourrait retenter l’expérience d’Hugo Délire ;-))

Et vous, que pensez-vous de cette relation houleuse entre jeu-vidéo et télévision ?

4 commentaires sur “Les jeux vidéo et la télévision : je t’aime, moi non plus

  1. Ils ont raison d’avoir peur, je ne me sert de ma tv que pour les jeux videos, et je ne suis pas le seul.

  2. sans etre l avocat du diable pour moi la polemique est surfaite. Demande au ancien gamers ce qu il pense du streaming beaucoup n en voit pas l utilité moi meme voir des gens joué m interesse peu je prefere joué moi meme. ce que dis antoine decaunesbeaucoup de gamers le pense apres que les moin de 18 s offusque et que certain comme gameblog joue le buzz la dessus m agace.
    j ai connu le stream pour les match BF2 et esl onaurait du les laissé a ce seul usage.
    et perso etant passé a hugo delire devant karen cheryl n oublion pas qu a cette epoque le jeux etait consderécommeenfantin et que la telé a aidez a le democratisé un peu

  3. Comme le sous-entend Tom Pousse, je pense que le nœud du problème est très simple … les émissions sur les jeux vidéos ne décollent pas parce que pendant qu’elles sont diffusées, les gens jouent que ce soit sur la TV ou sur le PC. La tv est soit éteinte, soit oqpée par d’autres membres de la famille (non-joueur) soit mise en fond sonore et là c’est soit de la musique soit n’importe quoi. Alors oui il y a des exceptions dans ce schéma … qui représente exactement les faibles chiffres de gens qui regardent ces émissions. Entre nous je préfère jouer à un jeux que de regarder une vidéo de présentation (généralement en stream mauvaise qualité) sur la tv, pas vous ?

  4. Le problème c’est que les médias ont tendance à relater uniquement les dérives de notre société.
    Il n’y a pas que pour le jeu vidéo que cela est ainsi.
    Il faut faire le Buzz. Et pour faire le Buzz il faut de l’incroyable.
    On prend donc en exemple des petits coréens qui se sont laissé mourir pour un jeu alors que 99,99% des autres joueurs du jeu n’ont pas se même degrés de folie..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *