Avec Detroit : Become Human, Quantic Dream et son fondateur David Cage nous propose leur nouvelle expérience narrative. Après Beyond : Two Souls qui nous avait un peu laissé sur notre faim il y a 5 ans, on était en droit d’attendre un retour en force du studio qui met le plus en avant l’importance de la narration dans le jeu-vidéo. Mais un bon jeu narratif n’est pas quelque chose de facile à réaliser, il faut combiner un univers passionnant, un gameplay immersif, une narration équilibrée et surtout un vrai sentiment d’implication de la part du joueur. Est-ce le cas ici ?

Voici notre test de Detroit : Become Human…

Un univers cohérent, un scénario inoubliable et des personnages attachants.

L’histoire de Detroit : Become Human nous immerge dans un futur proche, en 2038 à Detroit, ville au passé industriel brillant qui connait avec la généralisation des androïdes un succès renouvelé. Les androïdes sont partout et boostent littéralement l’économie américaine. Soldat, agent d’entretien, agent administratif, vendeur, infirmier, professeur, nounou et bien d’autres fonctions indispensables au fonctionnement de notre société et à notre bien-être sont dorénavant assurés par des androïdes dotés d’une IA dernier cri. Sauf que depuis quelques temps, certains androïdes se rebellent littéralement contre leur maître. Simple bug ou syndrome plus profond, nul ne le sait.

Définitivement, dans Detroit, on retrouve un peu de Westworld, un peu d’Ex Machina et même une once de Blade Runner. Il y a pire comme références, vous me direz. J’ai aussi beaucoup apprécié le clin d’oeil à la saga Alien avec la présence au casting de Lance Henriksen, un des androïdes mythiques de cette licence.

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Au cours du jeu, nous incarnons à tour de rôle trois androïdes différents. Leurs histoires se croisent et se décroisent un peu comme celle de Heavy Rain, ce qui garantit à Detroit une narration dynamique et évite l’écueil d’une certaine monotonie scénaristique observée dans Beyond. Il faut dire que la personnalité de ces 3 androïdes est pour beaucoup dans notre attachement à l’histoire de Detroit.

Kara est la petite fée du logis, elle incarne la fibre maternelle de l’androïde et son histoire sera la plus poignante des trois. Markus démarre son aventure comme un androïde modèle très attaché à son maître mais sa vie basculera bientôt, il incarne la figure combattante du jeu et son personnage gagne en puissance au fil de l’aventure. Enfin, Connor, représente la froideur de l’androïde : un enquêteur sans sentiment qui applique ses instructions à la lettre. Et pourtant son personnage se montre assez vite attachant également. Difficile de vous en dire plus car je vous spoilerais une bonne partie de l’aventure, ce que je me refuse de faire.

Detroit propose également son lot de personnages secondaires, tous plutôt bien écrits même s’ils ont un peu trop tendance à être fragile et à mourir facilement, histoire d’un peu culpabiliser le joueur mais aussi de l’impliquer dans leur vie.

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Sachez en tout cas que le scénario de Detroit : Become Human est juste excellent. Il part d’un univers de qualité (un monde d’anticipation dans lequel il est facile de s’immerger) et propose un très bon rythme avec très peu de séquences d’exposition. Une fois la présentation des 3 androïdes terminées (avec son éternel lot d’action un peu « planplan » : faire la vaisselle, sortir les poubelles, etc.), on rentre dans le vif du sujet pour ne jamais en sortir. Le derniers tiers du jeu se parcourt même à un rythme d’enfer et c’est à peine si on a le temps de respirer.

Soyez prévenus que certaines séquences et mêmes certains choix qui s’offrent à nous risquent bien de vous figer la bouche ouverte tant l’audace des auteurs impressionne pour un jeu-vidéo. Pour ma part, et sans rien vous dévoiler, je me remets difficilement de ma rencontre avec Chloé ou de certains choix de Markus. Ceci dit, comme les variations de scénario sont nombreuses, chaque joueur créera un peu sa propre histoire et pourra donc se sentir plus ou moins marqué par les événements. Aelya et moi l’avons d’ailleurs déjà constaté : certaines scènes se sont déroulées de façon complètement différentes dans nos sessions de jeu respectives.

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Les thèmes abordés dans Detroit sont des thèmes universels traités avec brio sur le ton de l’anticipation : La valeur de la vie (humaine ou mécanique), le racisme, les mesures extrêmes que le dominant peut appliquer au dominé.

Detroit traite de sujets graves qui vous feront réfléchir pendant votre partie. En plus de générer véritablement de l’émotion (le credo de David Cage depuis ses débuts), ce jeu nous amène à nous poser des questions sur nos propres valeurs.

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Un gameplay classique mais des choix qui ont un réel impact.

Au rayon du gameplay, peu de grandes nouveautés à signaler. Quantic Dream est revenu à une maniabilité assez proche de celle de Heavy Rain avec pas mal de séquences nous offrant une certaine liberté d’exploration tout en usant et abusant des Quick Time Events. La recette est connue, pas franchement innovante, mais elle fonctionne assez bien si on accepte une interactivité somme toute limitée avec le monde qui nous entoure.

La vraie nouveauté de Detroit, c’est l’incroyable quantité de choix qui s’offre à nous et leur réelle influence sur notre aventure. Dans Heavy Rain, le « game over » était fréquent et nous n’avions finalement pas beaucoup la main sur les événements qui se déroulaient devant nos yeux. Beyond offrait plus de choix avec de vraies conséquences mais se cachait souvent derrière des artifices narratifs pour cacher le fait que l’on restait sur une route assez dirigiste sauf à la toute fin du jeu. Ici, tous les artifices d’écriture n’ont pas disparu mais l’impact de nos choix s’avère beaucoup plus durable.

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A chaque interaction avec un personnage, nos actions ou nos choix de dialogues modifieront le sentiment des personnages à notre égard débloquant (ou pas) de nouvelles voies dans le futur. Ainsi, dès le début du jeu, on peut très vite se fermer la porte à différentes scènes ou s’en ouvrir d’autres.

Fréquemment, on observe également que certains choix ou actions ont un impact plusieurs séquences plus tard. Quant au dernier tiers du jeu, il se parcourt en ne voyant véritablement que 20% des possibilités. Il s’agit donc peut-être du premier vrai jeu narratif où l’on écrit son histoire en cours de partie. C’est donc aussi la première fois qu’un jeu Quantic Dream offre une véritable rejouabilité tout du long et pas juste sur certaines séquences.

A chaque fin de séquence, un flowchart apparaît nous montrant le chemin que nous avons suivi mais aussi toutes les interconnexions que nous n’avons pas choisies de suivre (mais sans les dévoiler) et en donnant la possibilité de voir si nos choix correspondent à ceux de nos amis ou des autres joueurs. Si certaines séquences sont assez simples à compléter à 100% dès le premier run, on est véritablement bluffé par le nombre de chemins possibles dans le dernier tiers du jeu. Quoi de mieux pour se motiver à un second run ?

Techniquement, le jeu est une grande réussite. Les temps de chargement sont limités, les décors sont magnifiques et le soin accordé aux personnages et à leurs animations est incroyable. Le jeu reste néanmoins assez court : une grosse dizaine d’heures pour un premier run mais un second run se réalise avec plaisir, tant les variations sont nombreuses.

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Le futur, c’est demain.

Ce qui est sans doute le plus impressionnant dans Detroit Become Human, c’est sa capacité à nous faire entrevoir le monde de demain. 20 ans est peut-être une durée un peu courte pour observer un tel changement de société mais d’un autre côté, qui aurait dit il y a 30 ans que nous aurions tous un téléphone portable ou qu’Internet façonnerait nos vies comme il le fait tous les jours.

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Detroit est un jeu qui m’aura marqué sans doute car le sujet des androïdes m’interpelle mais aussi parce qu’il est traité d’une telle manière qu’il est impossible de rester insensible.

Kara, Connor, Markus sont-ils de simples grilles pains améliorés ou bien de vraies personnes dotées de conscience ? Je pense que vous pouvez deviner ce que j’en pense. Merci Quantic Dream de nous avoir offert un jeu narratif qui nous fait réfléchir et qui s’apparente à mes yeux à un futur classique du jeu-vidéo.

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Conclusion

Detroit : Become Human est une réussite totale. Plus qu’un simple jeu qui tire quand même encore beaucoup vers le film interactif, il s’agit surtout d’une fantastique plongée dans un monde à peine futuriste qui nous force à réfléchir. Que ferons-nous quand l’IA deviendra plus intelligente que l’homme ? Comment accepterons-nous sa place dans la société ? Quelle sera notre réaction face à la montée en puissance d’une nouvelle espèce douée de conscience ?

Detroit s’avère relativement classique dans son gameplay et les amateurs de « jeux à skill » resteront sur leur faim mais les joueurs avides de scénario de qualité et de narration aboutie ne pourront qu’applaudir Quantic Dream pour une production qui réussit un quasi sans faute dans le traitement sans concession de son thème. Quelle claque !

Ma Note : 9/10

Detroit Become Human est disponible en exclusivité sur PS4.

Un commentaire sur “[Test] Detroit : Become Human, un androïde peut en cacher un autre

  1. Super test, c’est toujours plaisant de vous lire !! Ça faisait un moment que je n’avais pas laissé un petit mot donc je vais y remédier. Tout comme vous j’ai vraiment adoré ce jeu, un vrai bonheur. Je vais commencer ma troisième partie là pour justement profiter de tous les choix qui s’offrent à nous. C’est un vrai gros coup de cœur ^^
    Courage pour la migration du site, c’est du boulot :/ du coup j’ai hâte de voir le nouveau visuel ^^ je suis certaine qu’il sera très bien.
    A très bientôt 🙂

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